A la recherche d'une vie [Pv : Alice, Mina, Kalissi et William]

Voilà presque un mois que nous naviguions à bord du navire de William. Mina avait pris soin de mettre le Black Dragon en sécurité et de le confier à son second. Mon petit frère avait perdu la vie, et j'étais prêt à tout pour la lui rendre. Non, je ne pouvais pas accepter sa mort et lui tourner le dos pour toujours. Je ne l'avais vu que deux fois dans ma vie, mais il était mon frère, et un lien très fort nous unissait. Je l'aimais plus que tout. C'est ainsi que je me retrouvais à la tête de cette quête. Mais en réalité, c'était comme si le navire de mon frère n'avait pas de réel capitaine; Après tout, le capitaine, c'était lui. Et il n'était plus de ce monde... Nous étions très peu nombreux à partir à la recherche d'une seconde vie pour William. Ainsi, nous nous parlions et nous prenions les décisions ensemble. Chacun prenait la barre tour à tour.

J'allais souvent voir William, allongé dans son lit, l'air froid et pâle. Je retenais mes larmes. Je prenait sa main et lui parlait. Comme s'il était dans le comas et que j'avais l'espoir qu'il se réveille. J'avais les yeux humides, mais aucune larme ne coulait.

Je te promets que je vais te sortir de là petit frère. Je vais retrouver cette Kalissi en espérant qu'elle pourra t'aider.

Je souriais, comme s'il pouvait me voir, comme pour le rassurer...



Nous avions visité plusieurs îles en demandant après cette Kalissi. Mais rien. Personne ne la connaissait. Je commençais à perdre espoir lorsqu'Alice, l'amie de William, m'indiqua une île non loin de là où l'on se trouvait. Je regardai l'île à l'aide d'une longue vue. Elle semblait déserte.

Cette île n'a pas l'air peuplée. Mais ça vaut le coup d'essayer.

C'est ainsi que nous débarquâmes sur cette île à l'apparence assez inquiétante.

Cette matinée était nuageuse. Le temps s'assombrissait et j'avais un mauvais pressentiment. Mais pourquoi? Je commençai à m'éloigner de mon village, comme je le faisais presque tous les jours. C'est alors que j'entendis mon frère de cœur me crier au loin :

Soit prudente Kalissi ! Le temps se gâte !

Je lui répondis de la même voix, tout en souriant, touchée qu'il s'inquiète pour moi.

Ne t'inquiète pas Drogo ! Je n'en ai pas pour longtemps.

En tout cas, c'est ce que je croyais. Vu le temps, je ne comptais pas aller jusqu'à la plage, mais seulement dans la forêt cueillir quelques fruits pour le déjeuner. Vêtue d'une robe légère, un panier à la main, je m'enfonçai dans la forêt de l'île. J'étais pensive. Oui. Je pensais à mon prince. A William. Où était-il? Il m'avait promis de revenir... Je soupirai tout en me laissant tomber dans l'herbe fraîche. J'espérais que William était vraiment un homme de parole. Je vis devant moi quelques fruits rouges que je commençai à cueillir d'un air las, les mettant dans le panier au fur et à mesure. C'est alors que j'entendis du bruit. Des pas. Des pas qui venaient de l'extérieur. Je pensai de suite à Will. Je me levai d'un bon, lâchant mon panier. Je courus en direction du bruit, l'air heureux, prête à sauter dans les bras de mon amour. Mais je ralentis vite ma course. J'entendais plusieurs pas. Plusieurs personnes. Je me cachai derrière des verdures afin de les observer en sécurité. Mon Dieu mais qui étaient ces gens? Et William qui n'était toujours pas là... Je retrouvais mon air triste et mélancolique. Cependant, j'étais prête à défendre mon peuple face à ces étrangers qui semblaient s'aventurer bien trop loin. Que voulaient-ils? J'attrapai doucement le poignard qui se trouvait à ma ceinture puis je sortis d'un bon de ma cachette, attrapant l'une des demoiselles qui en réalité se nommait Alice, mais ça je l'ignorais. Etant donné qu'ils étaient plus nombreux que moi (3) j'avais pris cette jolie demoiselle en otage, lui glissant ma lame sous la gorge. Quelque goûtes de pluie semblaient désormais nous être envoyées par les dieux. Mes yeux verts commençaient à virer au bleu. Cela arrivait à chaque fois qu'il pleuvait. J'ignorais pourquoi. J'avais une expression de haine sur le visage.

Qui êtes vous étrangers?

C'est alors que je sentis une odeur familière sur la veste de mon otage. Mon visage se détendis d'un coup, et je lâchai ma prisonnière.

William???

J'attrapai Alice par le col en la secouant.

Pourquoi il y a t-il son odeur sur cette veste??? Que lui avez-vous fait?? Où est William??

Je devenais presque folle. Folle d'inquiétude.

Nous arrivions donc sur cette île à l'apparence déserte et plutôt inquiétante. Nous marchions doucement. Je tentai de me mettre en tête, observant les alentours. C'est alors que j'entendis un cri. Mina était pris au piège. J'eus à peine le temps de courir vers elle qu'elle s'en était déjà sortis toute seule comme une grande. Je lui tendis la main afin de l'aider à se relever tout en souriant d'un air amusé.

Tu avais raison. Lorsqu'on s'est rencontré. Tu n'as besoin de personne pour te défendre.

Je lui fis un clin d'oeil puis repris ma route, suivis de mes acolytes. Nous nous enfoncions désormais dans la forêt, ne croisant aucun être vivant. Nous étions tous très méfiants, et nous avions raison.

Restez groupés surtout.

Si jamais il arrivait quelque chose à l'un d'entre eux, jamais je ne me le pardonnerais. C'est alors qu'on entendis un bruit; Comme si quelqu'un courait en notre direction. Je n'eux pas le temps de sortir mon épée qu'une jeune femme tenait Alice en otage. N'osant trop m'approcher afin de ne pas l'effrayer, je tendis ma main et parlais doucement, craintif.

Nous ne vous voulons aucun mal. Nous cherchons juste quelqu'un.

Soudain, la jolie demoiselle devint folle. Elle parla de William ! Elle le connaissait ! Et mieux encore, elle semblait tenir à lui.

Pourquoi il y a t-il son odeur sur cette veste??? Que lui avez-vous fait?? Où est William??

Calmez vous ! Nous connaissons William. Je suis son frère ! Et vous devez être Kalissi? ...

La jeune femme affirma d'un signe de tête. Elle avait l'air très inquiet, nous regardant d'un air interrogateur. Je laissai à mes amis le soin de lui expliquer la situation.

Je ne comprenais rien de ce qu'il se passait. Les amis de William semblaient paniqués. Mon Dieu, que lui était-il arrivé? Etait-il blessé? Avaient-ils besoin de moi pour le guérir? J'étais prête à tout pour lui ! Je les regardaient tour à tour, légèrement paniquée. Une mauvaise nouvelle? Mais quoi? Pourquoi cette femme pleurait? Je paniquais de plus en plus. C'est alors qu'une demoiselle m'annonça de façon un peu froide :

William est mort

J'entrouvris la bouche comme pour pousser un cri, mais rien ne sortit. Je ne pouvais parler. J'avais de grands yeux ronds, je crus que j'allais mourir. C'est alors que deux hommes apportèrent son corps. Face au cadavre, je fus tétanisée. William... Mon Dieu... Je le regardais sans pouvoir bouger. Puis, je m'écroulai à ses côtés. Je le fixais, ne pouvant le lâcher des yeux. Ce n'était pas possible... Il ne pouvait pas... Je me mis sur mes genoux et collai mon visage contre sa poitrine. Des larmes coulaient sur mes joues. Je m'empêchais d'éclater en sanglot. Je prononçai quelques paroles en ma langue natale. Puis j'entendis la jeune femme me demander si je pouvais le ramener à la vie. Qu'elle idée étrange. Je regardai la demoiselle de mes yeux humides. C'est à ce moment que je repensai à cette femme que l'on appelait la sorcière. Pourquoi? Parce que depuis qu'on était petits, elle nous racontait des histoires de magie et d'hommes ressuscités. J'ai toujours cru que ce n'était que des histoires de fantômes totalement inventées, mais ça valait le coup d'aller la voir.

Je ne sais pas... Suivez-moi.

Nous marchâmes longuement jusqu'à la petite cabane qui lui servait de maison. Il s'agissait de mon village. Ils y avait des enfants qui courraient partout, des femmes et des hommes, un village ancien qui avaient gardé sa tradition, le tout sur un sol fait de sable doré. Je frappai à la porte. Tout le monde nous regardait. Que faisaient des étrangers chez nous? La vieille dame ouvrit sa porte.

Kalissi? Mais, qui sont ces gens?

Ce sont des amis. J'ai besoin de toi tante Alice.

En sa présence, tous les enfants du village l'appelaient ainsi. Tante Alice. Nous entrâmes dans sa maison.

Tu te rappelles, tu nous racontais toujours des histoires de morts ramenés à la vie. Etait-ce vrai tante Alice? Tes histoires. Etaient ce des faits réels?

Bien sûr mon enfant, je ne raconte jamais de sottises !

Je fis signes aux deux matelots de faire entrer le corps sans vie de mon cher et tendre. Je repris la parole d'un air désespéré et inquiet.

Peux tu le sauver? Peux tu lui rendre la vie?

Je le peux oui... Mais tu devras faire des sacrifices, et lui donner une partie de ton âme... Tu l'aimes n'est ce pas?

Oui,de tout mon coeur. Je serais prête à tout pour le sauver.

Alors ça marchera. Emmène le dans la salle des ombres.

Il s'agissait d'un endroit ou nous faisions nos coutumes, ou même parfois quelques sacrifices animals. Les hommes qui portaient William me suivaient. La sorcière annonça aux habitants ce qui allait arriver. Nous allions rendre la vie à un homme. Elle leur donna rendez-vous en ce lieu.

Nous arrivâmes dans la salle des ombres. Il s’agissait d’une salle sombre dans laquelle se trouvait une sorte de scène ronde en bois entourée de quelconques grigris qui avaient leur importance pour les habitants de cette île. L’ambiance était lugubre, austère. La sorcière monta sur la scène, s’adressant aux habitants qui s’étaient agglutinés tout autour, attendant le spectacle. Elle avait fait signe aux étrangers de rejoindre les « spectateurs ».

Aujourd’hui, sous vos yeux, je vais réaliser la plus ancienne coutume qui existe. La résurrection.

La femme faisait presque peur lorsqu’elle parlait. Les habitants la regardaient d’un air perplexe, mais aussi impatient et craintif.

Kalissi mon enfant, viens ici. Vous, mettez le corps du jeune homme ici, sur cette pierre.

Le corps de William fut déposé à côté de l’estrade de bois. Pendant ce temps, je montai sur celle-ci d’un air fébrile. Je n’aimais pas être le centre de l’attention. Et surtout, j’avais peur pour William.

Jeune enfant. Si tu veux vraiment sauver la vie de ce garçon, tu devras avoir le symbole de la vie en toi. Pour cela, tu devras manger un cœur… Apportez le cœur du cheval !

C’est alors qu’un homme apporta un cœur énorme, tout frais, sanguinolent. Ses mains étaient entièrement couvertes de sang. Je crus que j’allais perde connaissance. Une voix intérieure me parlait : « Soit forte Kalissi. Si tante Alice n’est pas si folle qu’elle en a l’air, tu peux sauver William. » La sorcière prit le cœur et le tendis vers moi.

Je t’avais dit qu’il y aurait des sacrifices Kalissi. L’aimes tu assez pour faire cela ?

J’acquiesçai d’un signe de tête, légèrement défaillante.

Bien. Tu dois le manger en entier, n’en recrache surtout pas un seul morceau, ou bien le sortilège ne fonctionnera pas.

Je pris le cœur dans le creux de mes mains. Je le regardai un instant. Puis, d’un cou, je plantai mes dents dedans… Il y eu un grand silence. Le cœur était gelé, la chair avait un goût horriblement sanguinolent. Je cru que j’allais vomir. Mais je pris mon courage et avala la bouchée. Puis je mordis à nouveau le cœur. J’avais du sang partout. Je mâchais le plus rapidement possible, j’avalais presque tout rond. C’est alors que la foule se mit à m’encourager. Les habitants prononçaient des paroles dans notre langue natale. Ils étaient avec moi. Ils me donnaient le courage de continuer. J’avalai enfin la dernière bouchée. Mon corps ne supportait plus ce supplice. Je tombai sur mes genoux, près à tout recracher. Je fermis les yeux à m’en fendre les paupières. Non, il ne fallait pas, pas si prêt du but… La voix avait changé de comportement : « Je n’en peux plus, c’est trop pour moi, ça ne sauvera pas William… » J’étais prête à tout abandonner. C’est alors que j’eus des flashs. Des flashbacks. Des scènes défilaient dans ma tête. Plutôt des images et des sensations qui s’enchaînaient de façon illogique. Ma rencontre avec William, son sourire, son rire, son visage… Les images s’accéléraient de plus en plus dans ma tête. Je grimaçai. Ses lèvres contre les miennes, ses mains sur mon corps… !!

J’ouvris les yeux d’un coup. J’avalai le tout. J’avais réussis. La sorcière esquissa un sourire. Oui, j’aimais vraiment William…

Allonges toi près du garçon… Une part de ton âme lui sera donnée.

J’exécutai l’ordre, m’allongeant sur le lit de pierre qui se trouvait près de William. Je ne pus m’empêcher de lui prendre doucement la main, puis je fermis les yeux. Mon Dieu, faites qu’il vive… La sorcière prononça des paroles étranges qui n’étaient même pas issues de ma langue natale. Des paroles de sorcière. Son ton montait, elle était comme possédée. Puis un silence se fit. J’ouvris les yeux et regardai William en tournant la tête vers lui. C’est alors que… William commençait à ouvrir doucement les yeux !! Je me levai, m’asseyant à ses côtés, lui tenant la main tout en le regardant. J’avais un grand sourire sur le visage et les yeux humides. J’avais du sang plein le visage et plein les mains. Je n’y croyais presque pas, mais j’étais très heureuse.

La vie de mon frère était entre les mains de cette femme. Elle semblait tellement l'aimer. Etait-ce elle dont m'avait parlé William en disant qu'il avait une petite amie? En tout cas il avait bon goût. Cette femme était magnifique. Bien sûr, je préférais ma chérie à moi, Mina. Mais ça ne m'empêchais pas de remarquer lorsqu'une femme était belle. Elle semblait lui vouer un amour inconsidérable. Ca me faisait plaisir pour lui. J'en avais presque oublié que William nous avait quitté...

Kalissi nous fit rencontrer une dame qui ressemblait à une sorcière. Elle nous affirma qu'elle pouvait sauver William de son triste sort. J'avais les yeux plein d'espoir. Nous suivîmes la sorcière jusqu'à ce qu'ils appelaient la "salle des ombres". Les habitants ne semblaient pas trop nous apprécier. Il faut dire que nous étions des étrangers. Ils se méfiaient de nous. Nous nous installions autour de ce qui ressemblait à une estrade de bois. Mon frère était allongé sur un lit de pierre. Cette image me faisait froid dans le dos. Je retenais mes larmes. Courage James, William sera bientôt de retour... Enfin j'espère...

La "cérémonie" commença. Kalissi dut manger un coeur de cheval, ce qui me dégoûta. Je la trouvais vraiment courageuse. Une belle preuve d'amour. A sa place j'aurais fait la même chose pour mon frère. Et pour Mina aussi si elle avait été dans le même état. Mon amoureuse se calait contre moi. Je passai mon bras autour d'elle afin de la coller contre moi, comme pour me rassurer et pour la rassurer elle aussi. Kalissi s'allongea à côté de William. C'était une image assez belle. Comme si leurs âmes se fusionnaient. Je regardais la scène, légèrement bouche bée. Les yeux de William s'ouvraient !! J'attrapai la main de Mina pour ne pas l'abandonner, tout en courant vers mon petit frère. Je me mis à côté de lui, le regardant reprendre vie. Un sourire s'afficha sur mon propre visage et des larmes de joie coulaient désormais sur mes joues. Mon Dieu, il est en vie !

Un peu plus tard, après une petite balade sur l'île, tous ensemble, nous arrivâmes sur la plage, prêt de nos navires. William m'annonça qu'il souhaitait rester. Après ce qu'il s'était passé, je le comprenais très bien. Je le serrai contre moi, les yeux légèrement humides.

Sois heureux petit frère, tu le mérites...

Après un petit silence, je lui chuchotai à l'oreille :

Je t'aime.

Oui, j'aimais mon frère plus que tout. Je ne voulais que son bonheur. Je le lâchai à contre coeur et lui souris à pleine dents.