Test de Lyanna

La Flotte Royale Française est à sa poursuite, car elle a aidé coulé deux de leurs navires, elle est découverte à Cap-Français. Elle s'enfuit, et tombe, morte de fatigue, devant un(e) inconnu(e) qu'elle menace de mort.


La jeune femme avait parfaitement conscience de sa situation délicate, mais peu lui importait, ici, le risque était petit qu’on la reconnaisse, qu’on sache qui elle était. Et puis, elle n’allait pas poussé l’orgueil jusqu’à dire qu’elle était une Pirate célèbre. Non, loin de là d’ailleurs.
L’air matinal était vif, et faisait voler les boucles brunes indisciplinées de la Française qui marchait rapidement, silencieusement. Lyanna tourna au coin de la rue, guidée par l’odeur salée qui était de plus en plus prononcée. Un léger sourire se dessina sur son visage lorsqu’elle arriva au Port. Enfin un endroit où elle se sentait familière, presque en sécurité, et pourtant, c’était bel et bien des navires de la Flotte Royale qui était amarrés aux quais. Elle s’en fichait. En tant que pirate, on ne la connaissait que sous le nom de Lyanna. Pas de De Rougefort. Et heureusement d’ailleurs, car non seulement elle discréditerait sa famille, mais étant donné que cette dernière l’avait rejeté, ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Non. Elle était noble, provenant d’un milieu différent de celui des marins et des pirates. Normalement, elle aurait dû se trouver dans un couvent, à prier, ou alors, si elle s’était tue et avait fait sa petite fille obéissante, comme ses quatre soeurs le faisaient sans cesse, elle serait à l’heure qu’il était, déjà mariée et mère. Et cette perspective était loin d’être réjouissante. Avisant un chargement abandonné dans un coin sombre elle s’y dirigea rapidement et s’assit sur une caisse tout en ancrant son regard bleu ciel dans la mer, secouée par les remous, formant à sa surface une légère écume.
Elle avait épousé la mer finalement, comme tant d’autre. Les marins la regardaient étrangement, remarqua soudainement Lyanna. Quoi? Il n’avait jamais vu une femme? Surtout qu’aujourd’hui, elle avait fait l’effort de revêtir une jupe par dessus sa tenue habituel, et tout lui allait comme un gant.

«C’est elle. Je te dit que c’est elle!»

Bien que lointaine, la voix arriva parfaitement aux oreilles attentives de la pirate, qui calma tout son calme, adressant même un sourire éclatant au mousse qui avait parlé. Celui-ci rougit et se détourna, allant voir un marin plus âgé. Donnant l’alerte. Lorsqu’il se retourna pour la désigner, il ne restait, sur la caisse, qu’une jupe abandonnée. Deux rues plus loin, Lyanna courait à en perdre haleine. Ce n’était pas la première fois qu’elle était poursuivie, ça non, mais la potence l’attendrait quand même au bout du compte. Ses foulées étaient longues et calculées. Elle courait vite, et longtemps. Durant des années elle s’était entraînée à cela. Sans sans rendre compte, elle arriva à un cul-de-sac, derrière elle des bruits de pas rententirent. Les soldats arrivaient. La jeune femme étouffa un juron néanmoins fort approprié à la situation et commença à escalader le mur qui lui faisait face. A sa hanche gauche elle sentait l’acier rassurant de sa lame, et à l’autre, son pistolet toujours chargé. Elle n’aimait pas spécialement tué mais si elle y était forcée... Avec difficulté, tirant sur ses bras, Lyanna passa le mur et dégringola en bas, dans un endroit totalement inconnu. Sonnée, elle vit flou quelques secondes avant de s’apercevoir une forme qui se penchait sur elle. Dégainant son épée, elle en posa la pointe sur la gorge de celui ou celle qu’elle n’arrivait pas encore à distinguer clairement.

« Un geste est je vous tue c’est clair?»

Sa voix était froide, tranchante, comme celle qu’elle prenait pour prendre des décisions importantes, ou lorsqu’elle avait peur ou était en danger. Elle entendit encore des cris, sans doute les soldats se séparaient-ils afin de mieux la chercher. Elle soupira de soulagement lorsqu’ils eurent totalement disparus dans un cliquetis d’armes. Alors seulement elle éloigna l’épée du coup de la personne qui lui faisait face. Elle l'oublia aussitôt, mourant de chaleur et de soif. Cette course l'avait vidé de ses forces, mais pas de sa volonté. Et si sa tête voulait bien arrêter de tourner, cela aurait été parfait, et elle n'aurait pas eu besoin d'être là, assise par terre, contre un mur, une grimace douloureuse sur le visage.