Des retrouvailles inattendues [Pv Syrena et Davy Jones]

Cela faisait seulement quelques jours que j’étais à bord du Hollandais volant. Quatre jours précisément. Mais en si peu de temps, j’étais déjà transformé. J’avais perdu ma naïveté, j’avais grandi, j’étais plus fort. Je ne riais plus, j’étais presque toujours sérieux, mais j’étais heureux. Oui, j’étais heureux, car aujourd’hui, j’avais une famille. J’appartenais à ce navire, je me sentais utile et vivant à nouveau. J’avais enduré les pires choses, la torture, mais j’avais tenu bon, et pas une seule fois je n'avais trahi les mien. La preuve était d’ailleurs sur mon visage. J’avais désormais une cicatrice au coin des lèvres. Une cicatrice que je garderai à vie. Elle faisait désormais partie de moi.

Le soleil avait rejoint l’océan afin de laisser place à la nuit. Le vent commençait à se lever et à se faire très présent. J’étais allongé dans ce qui me servait de lit : une espèce de hamac installé dans la cale, parmi les autres matelots. J’avais les yeux grands ouverts et pensais à des tas de choses. N’arrivant pas à dormir, je me levai et décidai de profiter de l’air marin. Je fis quelques pas sur le pont désert du Hollandais. La seule personne présente était le bras droit de Davy Jones qui était à la barre. L’odeur de l’océan parvint à mes narines, et je fermai les yeux en laissant le vent me caresser et faire voler mes cheveux. Soudain, je mis les bras en l’air, tel un enfant, me laissant emporter par la brise. Je profitais quelques instants de cette sensation puis je rouvris les yeux et décidai d’aller m’assoir un peu plus loin. Mon rêve s’était réalisé. J’étais en mer de façon officielle et non clandestinement. Je m’assis sur le pont, près de l’eau, perdu dans mes pensées. Je regardais l’océan former de belles vagues minuscules grâce au vent qui le caressait. Soudain, les mouvements de l’eau se firent irréguliers. Que se passait-il ? Je fronçais un peu les sourcils tout en fixant les petites formes que formait l'eau.

C'est alors que je vis quelque chose sortir de l'eau. Et quelle fut ma surprise. Il s'agissait de Syrena. Syrena, ma petite sœur de cœur. Certes, je ne l'avais vu qu'une fois, mais un lien s'était tissé entre nous et notre relation fut très vite fusionnelle. Bien sûr, je ne l'avais jamais oublié, et le fait de la voir ici m'émut grandement. Un grand sourire s'afficha sur mon visage. Un sourire qui n'apparaissait que rarement ces temps-ci. J'avais envie de la prendre dans mes bras. Cependant, je vis sur son visage une expression d'effroi. La même expression qu'elle avait lorsque quelqu'un lui voulait du mal. Elle se méfiait de moi. Je perdis vite ce splendide sourire. Je l'effrayais. Je me rappelai alors de cette vilaine cicatrice. C'était sûrement elle qui repoussait mon amie. Et aussi, le fait que j'ai bien changé depuis que l'on s'était vu. Cependant, au fond de moi sommeillait toujours la Heath d'avant. Et Syrena était la seule qui le faisait remonter à la surface. Je me penchai un peu plus vers elle et approchai délicatement ma main de son visage avant de lui caresser tendrement la joue en la regardant dans les yeux. Je lui fis un sourire chaleureux qu'elle connaissait bien, même si désormais, il était gâché par ma cicatrice.

C'est moi Syrena... C'est Heath. Je suis toujours le même.

Je regardais mon amie d'un air un peu triste. Celle-ci se hissa sur le pont du Hollandais afin de me serrer dans ses bras. Je passais à mon tour mes bras autour d'elle. Sa chaleur et l'odeur merveilleuse qu'elle dégageait me réchauffaient le cœur. Ce cœur qui était désormais si froid... La présence de la sirène me faisait un bien fou. Je fermais les yeux en plongeant mon visage sur sa chevelure, comme je l'avais fait avant que l'on se quitte la dernière fois. Syrena... C'était comme si elle faisait naître en moi des sentiments, alors que je n'en avais plus depuis quelques jours. J'étais si heureux d'être à ses côtés. Elle semblait triste et déçue. Ces paroles raisonnèrent dans ma tête. La voix mélodieuse de Syrena était désormais terne et triste, par ma faute.

Heath… Mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Quel est cette cicatrice ? Ils t’ont fait du mal ?

Je me retirai doucement de son étreinte puis mis délicatement mes mains sur ses joues. Je la regardais dans les yeux. Je voyais en elle l'innocence pure et la naïveté magnifique d'une enfant. Je lui parlais d'une voix douce, essayant de me montrer réconfortant.

Je suis désolé Syrena. Désolé de te rendre triste, et surtout, désolé si je t'effraye. C'est vrai, j'ai changé. Mais avec toi je serai toujours le même. J'ai subi des tortures qui m'ont fait mûrir, et qui m'ont rendu plus fort. Mais tu dois rester loin de tout ça. Tu es quelqu'un de très pur Syrena.

Je retirai délicatement mes mains de ses joues. Mon regard semblait un peu plus inquiet désormais. Même si j'aimais ce Davy Jones, même si j'étais prêt à tout pour lui, je savais qu'il faisait du mal autour de lui. Et s'il s'en prenait à Syrena... Je ne préférais même pas penser à cette possibilité.

Syrena... Tu ne devrais pas rester ici.

Je déposai ma main sur la sienne. Je n'avais pas envie qu'elle parte, mais je savais qu'elle risquait sa vie en restant ici.

Plus je parlais, plus Syrena semblait triste, paniquée, déçue. Je voyais qu'elle avait envie de pleurer mais qu'elle se retenait. Voir son visage d'ange dans cet état me déchira le cœur.

Heath, mais, je croyais que... Tu... Pourquoi veux tu que je partes ? Je... Je ne compte plus pour.... Toi ?

Mais si voyons.

Je ne pouvais me retenir plus longtemps. Je pris la sirène dans mes bras et la serrai tendrement dans mes bras, prenant le risque d'être surpris par l'un des hommes poisson. Voire pire, d'être surpris par Davy Jones li-même. Et alors? Après tout, ce n'était pas si grave. Oui, j'avais un cœur, oui, il m'arrivait d'avoir des sentiments pour quelqu'un. Ce n'était pas pour cela que je serais moins performant aux côtés de ce que l'on pouvait appeler mon maître.
Je passai une main dans les cheveux de Syrena afin de me sentir encore plus proche d'elle. Je lui adressai désormais la parole d'une voix douce et tendre.

Je veux que tu restes à mes côtés. Mais je t'ai demandé de partir car cet endroit est dangereux. Et je tiens à toi Syrena...

Je la serrais toujours dans mes bras, comme pour l'empêcher de partir et pour la protéger à la fois. Au bout de quelques secondes, je la lâchai doucement en la regardant dans les yeux, et en passant de nouveau mes mains sur les siennes.

Je t'aime Syrena.

Je lui adressai l'un de mes plus beaux sourires.

Je t'aime comme une petite sœur. Tu seras toujours là.

Je mis ma main sur mon cœur, ne la lâchant pas du regard.

Et les frères et sœurs ne se séparent jamais. Tout du moins, pas vraiment. Nous deux, c'est pour toujours. Car on est lié. Par un lien très fort, un lien plus fort que n'importe qu'elle amitié.

Soudain, j’entendis l’orgue de Davy Jones jouer une note violente et fausse. C’était mauvais signe. Légèrement paniqué, je fis signe à Syrena de se cacher. Non, je n’avais pas peur de Jones, car pour moi il était quelqu’un de très humain au fond, même s’il le montrait que rarement. J’arrivais à percevoir ces petits moments de faiblesses comme il devait appeler ça. Pour moi, c’était aussi une force. Oui. Être sensible de temps en temps était une force. Je m’adressai donc à Syrena en lui murmurant :

Cache-toi !

Alors que la sirène s’exécuta, je vis mon capitaine arriver sur le pont. Je pus percevoir sur son visage un léger sourire. Je ne pu m’empêcher de sourire à mon tour en le regardant, bien que je savais que son air joyeux n’allait pas être de longue durée… Il m’attrapa par le cou, comme à son habitude, ce qui me fit vite redevenir sérieux. Cependant, je n’étais pas comme les autres membres de cet équipage. Davy Jones ne m’effrayait pas. D’ailleurs, j’étais le seul volontaire sur ce navire. J’obéissais à Jones volontairement, et pas parce que j’avais peur de lui. J’abordais donc un visage serein, et lui répondis d’un ton calme.

Je parlais avec une sirène. Elle est partie maintenant.

Jamais je n’aurais osé mentir à mon capitaine. Jamais. Car j’avais confiance en lui et je souhaitais vraiment que ce soit réciproque. Le seul petit mensonge que j’avais formulé était le fait que Syrena soit partie. Mais c’était pour la protéger. Et puis après tout, c’était peut être vrai…