Quand la chance est avec nous [Pv Davy Jones]

Encore une journée difficile pour moi. Je n'avais plus rien à manger et j'étais très fatigué, ce qui m'handicapait fortement. Je ne pouvais pas voler convenablement, et je ne voulais pas risquer la potence. En effet, voilà plusieurs jours que la nuit se faisait froide et difficile, c'est pourquoi je n'arrivais plus à trouver le sommeil. Mais ce matin là, alors que je marchais dans les sombres rues de Port Royal, j'entendis des marins parler entre eux, annonçant qu'un navire marin allait arriver au port. Une idée folle me vint à l'esprit. Et si j'abandonnais tout? Si je montais clandestinement sur ce navire, dans l'espoir de devenir marin, ou encore mieux, un vrai pirate. Ce n'était pas comme si j'avais quelque chose à perdre... Je suivis ces hommes au petits matin, alors qu'ils se dirigeaient vers le navire afin de le décharger. Avec ma discrétion légendaire, je me faufilai à l'intérieur du navire, et me cachai dans un coin de la cale. Enfin j'étais en mer. J'avais déjà navigué avec mon père, sur un navire marchand tel que celui-ci. Je savais très bien me débrouiller sur un bâtiment. Je sentais les légères secousses que provoquaient les vagues. J'aurais tout donné pour sortir de cette cale et profiter de l'air marin...
Soudain, je sentis des secousses bien plus violentes que les autres, et surtout inhabituelles. Non, ce n'était décidément pas normal. Je sortis vite de ma cachette et me retrouvai sur le pont, sans réfléchir. La curiosité était bien trop grande. C'est alors que je vis un navire sortir de l'eau. C'était incroyable. C'était... Le Hollandais Volant ! Je connaissais parfaitement sa légende mais je pensais qu'il n'existait pas vraiment. C'était comme un rêve d'enfant qui se réalisait. Il était là, devant moi. J'étais tellement impressionné et excité que je ne pensais même pas au danger que je courais. Les marins ne firent même pas attention à moi, ils couraient dans tous les sens, totalement paniqué. Je perdis mon sourire et me demandais ce que je devais faire. Mais très vite, je me perdis de nouveau dans mes pensées en me demandant si le fameux Davy Jones, ce Capitaine tentaculaire, existait vraiment. Quel rêve ce serait de le rencontrer. S'il voulait de moi, je serais son plus fidèle serviteur. A ce moment là, je ressemblais surement à un jeune enfant qui rencontrait Peter Pan...

Le navire sur lequel je me trouvais était bombardé et envahi de matelots du Hollandais. J’allais de surprise en surprise. Les pirates étaient bel et bien des hommes poissons ! La légende disait vraie ! Je me battais quelques instants contre ces hommes afin de garder la vie. Étant très bien entraîné à l’épée depuis mon enfance, je parvins à me détacher d’eux. C’est alors que je courus jusqu’à une corde du navire afin de me balancer et d’aborder le Hollandais volant. Pas dans le but de me battre, non, bien au contraire. Je voulais faire parti de son équipage. Je voulais trouver ma nouvelle famille. Mon avenir était là, je le sentais. J’étais prêt à risquer ma vie pour que le célèbre Davy Jones daigne prêter attention à moi. Je du me battre de nouveau contre des matelots, criant que je voulais être des leurs. L’équipage riait, la pluie tombait à flot et les vagues étaient de plus en plus violentes. Mes cheveux blonds se collaient sur mon front, et je grimaçais tout en me battant, en me surpassant, rejetant les hommes poissons sans les tuer. C’est alors que je le vis… Davy Jones… Je le regardais comme un gamin qui aurait vu le père noël. La bouche légèrement entre ouverte, j’étais en admiration devant cet homme. Je courus dans sa direction, voulant à tout prix lui parler. J’étais dans mon rêve et j’étais naïf. Surement allait-il vouloir me tuer, mais j’ignorais tout cela… Je voulais le voir de plus prêt. Je voulais tenter ma chance…

Mr Jones !!

Je couru vers lui puis j’évitai son épée en m’agenouillant rapidement devant lui. J’avais un genou au sol, et un pied. Surement était-il surpris… Je levai mon regard vers lui. J’avais des étoiles plein les yeux, mais j’avais aussi un regard suppliant. J’étais tout excité, je parlais très vite.

Acceptez-moi dans votre équipage. Je vous en supplie. Je serai toujours à vos ordres, je ferai tout ce que vous me demanderez. Et je ne vous demande pas cela parce que j’ai peur, bien au contraire ! Je veux vous servir Monsieur.

Mon regard était sincère et pétillant, tel un jeune homme plein de détermination. Ce que j’ignorais, c’était que jamais personne n’avait supplié Davy Jones pour faire partie de son équipage parce qu'il l'admirait et voulait le servir. Tous les matelots étaient des pauvres hommes qui avaient choisi de survivre à la place de mourir…

La pince du célèbre Davy Jones vint attraper mon cou. Je ressentis une sensation étrange, mais bizarrement, je ne pensais pas que j’allais mourir aujourd’hui. Non. Mon optimisme et ma naïveté me laissaient croire que Jones allait m’accepter parmi eux. Je mis mes mains de chaque côté de mon cou, sur la pince. Ce fut un réflexe de survis. Cependant, je ne la serrai pas. Tout d’abord parce que je savais bien que ça ne servirait à rien, mais aussi parce que je ne voulais pas lui montrer de résistance. Je regardais cet homme dans les yeux. Il n’y avait pas une once de peur dans mon regard. Il y avait uniquement de la fierté et de l’admiration. Davy Jones semblait vraiment surpris par ma demande. Je souris malgré moi en répondant à sa question.

Je voudrais faire parti de votre équipage. Capitaine.

Je perdis ensuite mon sourire afin de me montrer sérieux et responsable. J’étais prêt à tout pour qu’il accepte. Je voulais faire parti d’un navire, je voulais avoir un capitaine. Et le Hollandais volant… C’était une vraie légende, le roi des océans. Alors faire parti de son équipage…

Ce serait un honneur pour moi. Je vous serai fidèle, je suis prêt à tout pour vous le prouver.

Avec l'expérience, ma naïveté et mon optimisme allait disparaître pour laisser place à un homme fort cachant ses sentiments. Tout comme le célèbre Davy Jones...

Davy Jones me lâcha et je tombai violemment. Je me frottai un peu la gorge puis me redressai rapidement. Cependant, ma surprise fut grande lorsque je sentis deux hommes m'attraper. Ils étaient de chaque côté de moi et me traînaient jusqu'à leur capitaine qui était désormais face à la barre de son navire. Lorsqu'il me lâchèrent enfin, je me redressai vivement et fis de nouveau face à l'homme. Il me demanda pourquoi je voulais faire partie de son équipage, donnant comme prétexte que je n'étais ni mort ni mourant. Que voulait dire cela? Est ce que tous les membres de l'équipage du Hollandais volant étaient mourant avant d’atterrir ici? N'avaient-ils donc pas choisi d'être là? Je fus surpris par cette révélation, mais ma motivation et mon ambition n'avaient pas diminué pour autant. Le capitaine me tournait le dos, mais je savais qu'il m'écoutait, ou tout du moins je l'espérais.

J'ai quitté ma famille il y a bien longtemps. Elle n'existe plus pour moi. Je n'ai plus aucune attache sur terre. Je voudrais servir sur un bâtiment. Et vous capitaine, vous êtes une légende, tout comme le Hollandais volant. Alors vous servir sur ce navire serait un véritable honneur, ainsi que ma seule raison de vivre.

L'homme semblait perdu dans ses pensées. Il sortit un pendentif et l'observa l'air pensif et même assez triste.

Me le prouver?

Je m'approchai doucement de lui en espérant ne pas me montrer impoli. J'observai brièvement le pendentif sans vraiment comprendre de quoi il s'agissait, puis je levai les yeux vers Jones.

Oui. Je serais prêt à tout pour vous prouver ma loyauté.

La colère soudaine de Davy Jones me fit tressaillir légèrement. Il est vrai que j'étais bien trop naïf, mais c'était ma façon d'être. Et pourtant, je n'avais pas eu une vie facile. Mais ce n'était rien comparé au danger auquel je m'exposais en ce moment, et pour les années à venir. Mais petit à petit, j'apprendrai à être plus fort et moins enfantin.
Lorsque le capitaine annonça que je ferai parti de son équipage, je souris intérieurement. Il semblait sourire d'un air ironique, mais peu m'importait. Je faisais enfin parti d'un navire. Et sans le savoir j'allais me surpasser, et souffrir autant moralement que physiquement, comme peu de gens avaient souffert. Jones me fixait. Il semblait attendre ma réponse. Je ne trouvai qu'une chose à dire. Je penchai la tête tout en mettant mon poing sur ma poitrine.

Je suis votre serviteur.

En ce moment même, je ressemblais plutôt à un enfant qui voudrait travailler avec le père noël qu'à un pirate plein de haine voulant servir le grand et dévastateur Davy Jones.

Je sentis Jones me ramener vers lui. Je n'avais pas peur, mais je me demandais ce qu'il allait faire. Cet homme était parfois assez imprévisible. C'est alors qu'il pris ma main avec sa tentacule, me laissant une trace assez visqueuse. Il m'emmena ensuite dans sa cabine. Tout en marchant, je regardais ma main d'un air perplexe. Certes, je savais que les membres de l'équipage de Jones était immortel grâce à lui, mais je ne savais pas de quelle manière cela se faisait. Je suivais donc mon capitaine jusqu'à sa cabine, me disant qu'il semblait bien parti pour m'accepter sur le légendaire Hollandais volant. Cependant, je venais d'apprendre à cacher un peu mes émotions devant lui. Une fois dans sa cabine, j'observai les alentours. Elle était bien plus spacieuse que les cabines que j'avais pu voir jusqu'à présent. Et mieux que cela, elle contenait un orgue ! Jones en jouait d'ailleurs à merveille. Durant ce moment, je gardai sagement le silence tout en écoutant l'orgue puis les paroles de l'homme. L'histoire de Calypso était donc vrai. C'était incroyablement triste. Mais ce que je retins surtout dans son petit monologue, c'était la fin. Une phrase en particulier raisonna dans ma tête:

J'aurai voulu avoir un fils tel toi...

Lorsque j'entendis cela, ma surprise fut grande, et ma joie aussi. Ces paroles me touchais tellement... Puis, Davy Jones me sortit de mes pensées en criant:

N'as tu donc pas de travail gamin ?

Je fis un immense sourire.

Merci Monsieur !

Puis je partis de la cabine en courant d'un air excité et me mis au travail. Allais-je être accepté par les autres matelots? J'en doutais fortement. Premièrement, j'étais très jeune par rapport à eux, et deuxièmement, j'étais le seul volontaire et je pouvais presque passer pour un "lèche botte" comme on dit... Mais peu importe, j'avais Davy Jones de mon côté. Et cela n'avait pas de prix.