La journée avait été plutôt calme, voire banal. Les gens étaient les mêmes, tous égoïstes et concentrés sur leurs petites personnes. Ils pouvaient voir le monde crever sous leurs yeux sans même réagir. Pourquoi l’humain était-il fait comme ça? Est-ce qu’on est né pour tuer? Est-ce qu’il faut vraiment être aussi cruel pour avoir une place dans ce monde?
Les questions se bousculèrent dans sa tête. Toute la journée, il avait été dans ses pensées, essayant de trouver des réponses. Il y avait tant de « pourquoi » mais pas assez de « parce que » à son gout. Matthew se laissa tomber par terre, il allongea ses jambes dans le sable blanc. Un soupir d'exaspération s’échappa de sa bouche et alla se confondre avec le bruit des vagues. Les yeux rivés vers les nuages colorés par le coucher du soleil, une pensée effleura son esprit et fit immédiatement disparaitre toutes les autres. Est-ce que le monde serait différent… Il ne voulait même pas y penser, il se releva d’un bond tout en grimaçant. Il était raqué, il avait marché toute la journée et c’était loin d’être fini! Il prit son épée d’une main et lança une bouteille de rhum vide qui se trouvait malheureusement dans son chemin. Un sentiment étrange monta en lui. Peut-être de la frustration? Mais pourquoi? Trop, trop de questions, ça lui cassait les oreilles, il pouvait à peine dormir la nuit.
Quelques mètres plus loin, il s’arrêta encore pour admirer le merveilleux spectacle qui s’offrait à ses yeux. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Le vent se fraya un chemin dans ses cheveux humides. Il se retourna pour continuer à marcher, mais une jeune femme se trouvait à deux pas de lui. Il ne put s’empêcher de pousser un petit cri et, par pur réflexe, il dégaina son arme. Disons que les premiers réflexes ne sont pas toujours les bons. Ça faisait combien de temps qu’elle se trouvait derrière lui? Il aurait juré être seul sur la plage. Il n’appréciait guère qu’on lui fasse peur. Après quelques secondes, Matt réalisa que la jeune dame ne lui voulait aucun mal, enfin, c’est cette impression qu’elle dégageait. Un peu gêner de sa réaction, il baissa son arme, mais ne la remit pas dans son fourreau, on n’est jamais assez prudent. Il baissa la tête, et senti ses joues s’enflammer.
- C’est votre passe-temps de faire peur aux gens? Dit-il avec un brin d’arrogance.
Matthew ne lui laissa pas le temps de laisser la dame répondre qu’il reprit la parole.
- C’est drôle, je ne vous ai même pas entendu, venir… Peut-être que je deviens sourd…
À cette pensée, Matthew ne put s’empêcher de sourire, il savait très bien que ce n’était pas le cas. Il riva la tête vers l’horizon. Le spectacle était d’une telle beauté, même s’il n’avait toujours pas changé. L’énergie que dégageait la femme était assez forte, mais d’après lui, elle n’était pas un danger. Il relâcha un peu la tension faite par sa main sur le manche de son arme, et finit par la ranger. Il déposa ses yeux azur sur la jeune dame, elle n’avait toujours pas bougé. Il parlait peut-être à une statue… Ou c’était les fruits de son imagination et qu’elle n’était pas vraiment là. Matthew passa rapidement une main dans ses cheveux bruns, en signe de découragement, allait-elle parler? Plus le temps passait, plus il pensait qu’il l’imaginait. Il haussa les épaules, lui fit dos et commença à s’éloigner de la jeune femme. Mais il s’arrêta brusquement quand l’air fut coupé par la voix d’une femme.