Test de Lorelei

Je me demande parfois si je possède réellement ce que les hommes appellent le « dont de raison ». Je suis à Port-Royal, et je ne sais pas moi même pourquoi ! Quelles abjectes pensées avaient traversés mon esprit lorsque je pris la décision d’embarquer à bord de ce maudit rafiot de la marine marchande ? J’aurais pu donner des cours de navigation à tous ces amateurs ! Même à ce grand nigaud qui ose se revendiquer capitaine ! Si seulement j’avais un navire à porter de la main, si seulement j’avais encore mon navire !
C’est une journée comme je les aime, très sombre très venteuse en un mot parfaite, une journée idéal pour une belle sortie en mer, et tous ses idiot restent sur le bord, par un temps pareil ! Ils craignent la tempête hein ? Regardez les tous ces marins d’eau douce il tremble dès que le vent se lève s’effondre quand retentit le tonnerre et prie lorsque la foudre jaillit ! Je ne sais trop si cette excursion sur le port était une si bonne idée que ça, je vais avoir les nerfs en pelote à force de vouloir me détendre. Je m’assois sur les murailles de la digue, face à l’océan infinie qui s’ouvre devant moi. Ce que je vois c’est un concentré de paradis, un instant de bonheur absolu m’envahis durant un court moment et je crois que tout mes préoccupation se sont évanouies. Mais le bonheur n’est que de courte durée, un navire attire mon attention, et pour cause : C’est le Quenn Ann’s Revenge qui se dissipe dans la brume faisant route vers le large. La rage prend possession de moi, mon propre corps ne m’obéis plus, je remonte la digue en courant pour arriver sur le quai d’embarquement espérant… je ne sais pas, un miracle peut-être ou alors trouver quelqu’un qui pourrait me renseigner ! J’aperçois un jeune garçon sautillant sur le bord faisant voltiger une pièce d’or entre ses doigts. Haletante je décide de l’interpeller :

Le petit fait sauter la pièce d’or et la rattrape de sa main droite, s’arrête et me dévisage, un sourire sournois, le genre de petit avorton qui s’imagine pouvoir m’extraire un penny pour une information que l’on peut avoir tellement facilement. L’effronté me répond qu’il n’en sait rien. La patience n’étant pas ma plus grande qualité j’attrape le gamin par le col de sa chemise crasseuse et lui glisse à l’oreille :

Je lâche prise lentement un sourire au coin des lèvres, il se dégage en hâte et se met à courir. Satisfaite de moi je contemple la pièce d’or que je venais de lui substituer sans qu’il ne s’en rende compte. Je n’attends pas une minute de plus et me dirige en direction de vieux marin à jambe de bois avec la ferme décision de lui extirper des aveux de gré ou de force.