Liés par le sang -|- pv. Jack

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Les rues de Tortuga étaient bien remplies ce jour-là. Mais pas forcément de gens fréquentables. Les pirates et voleurs en tout genre s'affairaient, rhum à la main, riant grassement. Alison frissonnait devant tant de... grossièreté. Personne ne se serait jamais permis de faire ça à Port Royal. En tout cas pas dans les endroits où elle allait. Le nez froncé, la jeune femme avançait d'un pas tremblant. Elle n'avait jamais été habituée à ce genre d'ambiance, un rien la choquait. Le monde de la bourgeoisie lui manquait déjà. Et ces parents adoptifs aussi. Elle avait été élevée dans la richesse, les manières, le silence. Elle aimait ces choses-là. Elles étaient presque rentrées dans son caractère. Alison était quelqu'un de doux, raffiné et calme. Elle se démarquait tout de suite dans le paysage de Tortuga.

La peur de l'inconnu lui serra le ventre. Un instant, elle commença à faire demi-tour. Elle n'allait pas supporter très longtemps ce lieu. Mais soudain elle sentit une brûlure sur son poignet. C'était comme si son bracelet la rappelait à l'ordre. Alison le regarda attentivement. Si elle était là, c'était grâce à lui. Elle désirait plus que tout retrouver son propriétaire, et Tortuga était le seul indice qu'elle avait. Elle devait continuer. C'était bien ici qu'elle pourrait trouver des informations sur ses parents, et pas ailleurs. Depuis qu'elle avait appris son adoption, une sorte de froid glacial avait envahi le cœur de la jeune femme. La sensation de n'avoir aucune famille. De n'être la fille de personne. L'enfant abandonné qu'on avait prit par pitié. Elle avait été heureuse avec ses parents adoptifs mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander quelle aurait été sa vie avec sa vraie famille. Une vie de pirate ? Sans doute. Qui sait où elle serait en ce moment ? Sur un navire, écumant les mers des Caraïbes ? Ou peut-être sur une île mystérieuse, à la recherche d'un fabuleux trésor ? Ou alors, elle serait là, dans les tavernes de Tortuga, en train de boire tout son saoûl, en compagnie d'un odieux pirate tout aussi éméché qu'elle. Cette dernière pensée lui fit froid dans le dos. C'était la dure réalité des pirates. Ils ne voguaient pas fièrement, et ils ne découvraient pas non plus des trésors. Ils buvaient à longueur de journée et ils pillaient à leurs moments perdus. Alison se sentait encore plus perdue qu'avant. Alors, était-ce ça, ses origines ? Était-ce ça, sa lignée ? Un instant elle ne regretta pas d'avoir été abandonnée. Il y avait de fortes chances pour qu'elle ne soit le fruit que d'une aventure d'un soir. Elle n'était sans doute qu'un accident. Causée par deux pirates totalement bourrés, dont elle ne retrouverait certainement jamais la trace.

Elle soupira. A présent elle avait l'allure plus misérable. Elle était découragée. Pourquoi ? Mais pourquoi avait-elle quitté son petit confort de Port Royal ? Elle le regrettait tellement. Mais elle ne pouvait pas retourner chez elle. Ce serait le déshonneur. Elle avait beaucoup insisté pour partir. Alors revenir sans rien une semaine plus tard... non, elle ne pouvait vraiment pas. Alison renifla. Une petite larme perla à son œil puis roula le long de sa joue. Qu'allait-elle faire maintenant ?

Soudain, elle sentit qu'on agrippait brusquement ses mains. Elle lança un petit cri de surprise, mais elle s'arrêta aussi net. Elle sentait quelque chose de froid sur son cou. Immédiatement, elle pensa à un couteau. Quelqu'un la menaçait !

-Allons, que fais-tu seule ici ? murmura la voix d'un inconnu. Tu as l'air bien trop propre et maniérée pour être de Tortuga... Allez ma belle, donne moi tout l'argent que tu as.

Le cœur d'Alison battait violemment. Elle avait peur, une peur qu'elle n'avait jamais eu avant. Une telle chose ne serait jamais arrivé à Port Royal. Tout était fini.

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Ah ! Qu'elle belle soirée à Tortuga ! Aujourd'hui, j'avais décidé de me vider l'esprit et de passer une soirée agréable. La chaleur était présente, accompagnée d'une légère brise. L'ambiance à la taverne était plus festive que jamais. Comme j'aimais cet endroit ! Pour une fois, j'étais seul ici. J'avais accordé à ce cher Gibbs une soirée de repos, une soirée où il pouvait faire ce que bon lui semble. Il était quelque part dans l'île, je ne savais où exactement, et à vrai dire, je m'en fichais royalement. J'étais donc seul au bar entrain de boire tranquillement ma chope de rhum. C'est alors qu'une jeune femme pris place à mes côtés. Dieu ce qu'elle était belle. Je n'avais jamais vu telle beauté, exceptées deux femmes dont je ne parlerai pas ici....
Je sentais que la jeune demoiselle me regardait avec insistance. Elle ne me lâchais pas des yeux, tout en abordant un petit sourire. Je finis par être un peu gêné (si si) et finis par la regarder et lui adresser un sourire des plus charmants. Elle pris enfin la parole.

Vous êtes le Capitaine Jack Sparrow n'est ce pas?

Je souris de plus belle. La fierté montait en moi. J'en avais même oublié ma chope de rhum, c'est pour vous dire.

Oui c'est bien moi.

J'aimerais tellement voir ton navire. Le Black Pearl.

La demoiselle abordait un splendide sourire. Elle avait l'air un peu stupide, comme presque toutes les femmes de Tortuga. Mais bon, elle était belle, c'était déjà ça. Je grimaçai légèrement lorsqu'elle parla du Pearl. Puis je me forçai à lui sourire. Je lui tendis la main.

Viens.

La jolie brune la saisie et je l'emmenai dehors, un peu plus loin, afin que l'on soit tranquille. Bien sûr, je ne comptais pas lui montrer le Pearl étant donné que je ne l'avais pas vraiment en ma possession. Mais je comptais bien profiter de cette nouvelle conquête... Une fois dans un coin plus tranquille, je commençais à la séduire doucement avec des gestes doux (hé oui, un vrai gentleman !) La demoiselle riait de plaisir.

Jack... J'aimerais vraiment voir le Black Pearl.

Je l'embrassai dans le cou tout en l'enlaçant.

Je t’emmènerai le voir demain matin ma belle, c'est promis.

La jeune femme ricanait toujours. C'est alors qu'elle changea complètement de comportement. Elle me repoussa doucement en regardant au loin.

Mon Dieu !! Jack ! Une enfant, une enfant en danger ! Sauve la mon Jacky !!

Je soupirai discrètement. Encore une gamine qui cherchait des ennuis... Que font les parents de nos jours? Je vous jure ! Mais si je ne voulais pas perdre ma nouvelle conquête, je devais me montrer fort et courageux en sauvant cette demoiselle. C'est donc ainsi que je tournais le dos à la jolie brune, l'air courageux et sûr de moi. J'arrivai derrière l'homme et brandi mon poignard sous sa gorge tout en lui disant à l'oreille.

Laisse cette gamine, part loin d'ici et tu auras la vie sauve.

L'homme se détacha de mon étreinte et partit en courant a travers le village. Je le regardais tout en riant, fier de moi. Ma conquête était dans tous ses états. C'est alors que je me retournai vers cette jeune fille. Elle était vêtue d'une jolie robe et était presque entièrement propre. Mais d'où venait-elle et surtout, que faisait-elle ici ? Je l'observai en fronçant les sourcils puis j'attrapai vivement son poignet que je serrai assez fort.

Qui es-tu? Que fais-tu ici?

C'est alors que quelque chose m’intrigua. Le petit poignet fragile que je tenais entre ma main portait un bracelet. Mon bracelet. Celui que mon père m'avait donné. Celui que j'avais laissé à Mélodie avant de l'abandonner lâchement... Mon regard était fixé sur ce bracelet, mon visage s'était transformé. J'étais surpris et j'avais peur à la fois. Mais qui était cette gamine....? Je lâchai doucement la jeune fille et alla m'assoir sur des marches qui se trouvaient à côté. Le regard dans le vide, j'avais l'air perdu. Ma conquête, ayant marre de m'attendre, était retournée à la taverne.

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Quelqu'un menaça l'agresseur d'Alison et le fit fuir. Elle était libre ! Elle se retourna pour voir son sauveur et lui sourit. Pas de doute, il avait l'allure d'un pirate. Et si tous les pirates n'étaient pas tous de la vermine ? Elle allait le remercier mais il fut un peu brusque avec elle :

- Qui es-tu? Que fais-tu ici?

Alison fut surprise de la réaction du forban. Elle n'avait rien fait, alors qu'est-ce qui lui prenait tout à coup ?

- Je... je viens de Port Royal, et je cherche mes parents.

Elle leva fièrement la tête à la fin de sa phrase. Mais soudain il observa son bracelet et partit s'asseoir plus loin, l'air complètement perdu. Le bracelet ! La jeune fille était sûre qu'il l'avait reconnu ! C'était peut-être une piste ! Après tout, c'était le seul indice qu'elle avait pour l'instant. Elle sentait quelque peu joyeuse de trouver quelqu'un qui pourrait l'aider. Mais le pirate s'était isolé et ne semblait pas très enclin à lui parler. Elle s'approcha avec une démarche hésitante, agitant la main pour que l'homme la voie. Sans résultat. Elle s'assit alors à côté de lui et lui montra le bracelet.

- Ce bracelet, vous le connaissez ? Il appartenait à ma mère. C'est ma seule chance de retrouver mes parents. Je vous en prie, aidez moi. Dites moi ce que vous savez.

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Cette gamine ne voulait pas me lâcher apparemment. Mais moi, j’étais dans mes pensées, des pensées très importantes, des pensées qui me faisaient peur. Et pire que ça : la jeune fille s’installa à mes côté et m’affirma que ce bracelet était un présent de sa mère. Je me tournais vers elle et grimaçai légèrement. Un cadeau de sa mère ?? Ce bracelet, je l’avais donné à Mélodie il y a de cela… 17 ans. J’observais la demoiselle. Oui, elle pouvait très bien avoir 17 ans. Je ne voyais qu’une raison pour qu’une mère donne un tel présent à sa fille. Ce bijou représentait quelque chose pour elle. Quelque chose d’important. Comme… Le bracelet que lui avait donné le père de son enfant…
Je me levai d’un bon. Non, c’était impossible ! Je tournais en rond l’air agacé, perturbé, perdu. Non non… Je n’avais pas d’enfant !!! Je m’arrêtai de marcher et respirai profondément en fermant les yeux. Ceci n’est qu’un cauchemar… Puis je me tournais vers la jeune fille et la regardai. Dieu ce qu’elle ressemblait à sa mère. Je commençai à me ronger un ongle, et quand je faisais cela, c’était mauvais signe. Un grand stress montait en moi. Voyant le regard suppliant de la gamine, de Ma gamine… Je décidai de revenir vers elle. J’avais des frissons, je me sentais assez mal. Je la regardai et lui adressa un sourire qui sonnait faux. On voyait le malaise sur mon visage. Je transpirais, je suffoquais. Il fallait que je lui parle. Aaaahh je n’étais pas fait pour être un père !! J’avais des mimiques encore plus bizarres que d’habitude, je ne savais déjà pas m’y prendre avec les enfants, alors avec ma propre fille… Je m’assis à nouveau afin de ne pas m’évanouir. Je ne lâchais pas la demoiselle du regard.

Tu… Tu as 17 ans n’est ce pas ?

La jeune fille ne semblait pas vraiment comprendre mon comportement. Elle acquiesça tout en me regardant comme si j’étais vraiment étrange. J’avais les mains moites, je frôlais le malaise.

Ce bracelet… C’était le mien. Je l’ai donné à ta mère quand…

J’avais du mal à parler, du mal à m’exprimer, du mal à respirer…

Quand je suis parti.

Je me levai de nouveau et m’appuya à l’aide de mon bras contre une façade. Je mis mon visage contre mon bras. Je me sentais mal.

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Alison regarda le pirate s'affoler, tourner, virer, s'inquiéter, la regarder. Elle se demandait franchement si elle avait dit quelque chose de mal. Bah quoi ? Elle avait juste posé une question. Ou alors il n'avait pas supporté qu'elle s'assoie à côté de lui ? Enfin bon, c'était pas comme si elle avait pu se montrer entreprenante... Surtout qu'il était trop vieux ! Ou alors, elle avait offensé une coutume pirate qu'elle ne connaissait pas. Oui, ça lui semblait le plus probable. Elle avait du le froisser. Alors qu'elle allait s'excuser, il lui demanda son âge. 17 ans. Il avait visé dans le mile. Puis il se rassit, les yeux toujours fixés sur elle. Ça en devenait presque gênant.

Puis il commença à expliquer. Le bracelet... sa mère... Elle regarda sans comprendre. Pourquoi sa mère lui aurait-elle légué un bracelet qui appartenait à un homme que …

- Oooooh, murmura-t-elle, comprenant enfin.

Elle étudia le pirate attentivement. C'était donc ça son père. Elle ne lui ressemblait pas beaucoup. En tout cas il avait fière allure, même pour un pirate ! Bon, il avait des gestes un peu bizarres, peut-être. Elle se releva et se planta en face de lui. Elle avait envie de faire un grand sourire, mais il avait l'air dépité. Il n'était pas content de la retrouver, ou quoi ? Mais pourquoi il avait quitté sa mère ? S'il lui avait donné le bracelet, c'est qu'il devait tenir un minimum à elle. Elle joignit ses mains derrière le dos, gênée. Voilà, elle avait retrouvé son père. Elle se sentait toute bizarre. Perdue, surtout. Mais elle avait envie de tout savoir de sa famille, de ses origines. Pour commencer, elle voulait connaître son père.

- Je... C'est... Enfin, c'est bien de vous retrouver enfin ! Quel est votre nom ?

Elle n'avait pas osé le tutoyer. A vrai dire, elle avait carrément peur qu'il fasse un arrêt cardiaque dans la minute. Elle aurait bien posé sa main sur son épaule en signe de réconfort, mais ça risquait d'empirer les choses.

- Et, au fait, où est ma mère ? Comment s'appelle-t-elle ?

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J’avais toujours le visage enfoui dans ma chemise, appuyé contre le mur. J’entendis la jeune fille me parler. Je tournais doucement les yeux sans bouger, comme s’il s’agissait d’un animal féroce qui pouvait m’attaquer à mes moindres mouvements. Puis avec des gestes délicats, je me retirai de ma position afin de lui faire face. Non, je n’étais pas doué avec les enfants. Je réagissais comme si j’étais face à un petit animal qu’il ne fallait pas effrayer. Je la regardais un petit moment en fronçant légèrement mes sourcils. J’allais un peu mieux.

Je m’appelle Jack Sparrow…

Je grimaçai toujours un peu. Mon visage semblait sévère. C’était l’œuvre de ma contrariété. Je fus surpris et un peu déçu qu’elle ne me connaisse pas. Même mon nom ne semblait rien pour elle. Mais ce que je trouvais encore plus bizarre, c’était qu’elle me vouvoyait alors que j’étais son…. Père. J’avais encore du mal à réaliser. Qu’allait-t-il se passer ? Cette gamine allait-elle me coller longtemps ? Raahh ce genre de problème ne nous lâche jamais…

Pourquoi tu me tutoies ?

Je m’aperçus que je lui parlais d’un ton assez méprisant. Jack, du tact, c’est ta fille mince ! Ma fille… Moi, le célèbre Sparrow, j’avais une fille… Cette idée ne voulait pas entrer dans ma petite tête. Bon, il fallait que j’apprenne à être gentil avec elle. Après tout, elle n’était qu’une gamine qui cherchait ses origines… Elle avait fait un long chemin pour me retrouver. Mon visage sombre se détendit un peu et je grimaçai un sourire. Je me rassis ensuite afin d’essayer d’y voir plus clair. C’est alors que je m’aperçus que je ne lui avais même pas demandé son prénom. Pourquoi je le lui demanderais ? Est-ce que cette information m’intéressait ? Jack, tu es papa ! A chaque fois que je pensais à cela, c’était comme si je me prenais une claque en plein visage. Ne devait-on pas être heureux d’être père ?... Je parlais d’un ton un peu plus agréable.

Et toi ? Comment t’appelles-tu ?

La gamine semblait heureuse. Elle me posa beaucoup de questions. Je regardais son visage rayonner, et malgré moi, elle me toucha. Je voyais en elle sa mère, mais aussi une part de moi-même. Comme si elle portait une part de mon âme. Mon regard changeais un peu même si je ne me montrais pas comme le papa idéal…

Ta mère était une pirate. Je ne sais pas où elle est. Je ne l’ai pas revu depuis 17 ans…

Je n’avais pas envie de parler d’elle et ça se voyait. Ce souvenir était trop douloureux pour moi.

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Jack Sparrow... Ce nom ne disait rien à Alison. Mais c'était un nom qui sonnait bien. Alors était-ce cela, son vrai nom ? Sparrow ? Alison Sparrow ? Le nom lui plaisait, mais l'homme qui le portait se montrait de plus en plus méprisant. La jeune femme se sentait un peu déçue. Elle était heureuse de retrouver ses origines, mais lui semblait plus embêté qu'autre chose. N'avait-il pas envie d'avoir une fille ? Mais la dure réalité s'imposa aux yeux d'Alison : c'était un pirate. Il n'avait pas d'attaches, pas de famille. Alors pourquoi voudrait-il d'une fille, tout droit sortie de la Noblesse, aux allures maniérées ?

Chargée de désillusions, elle baissa la tête. Elle avait été stupide de croire que ses parents allaient l'accueillir à bras ouverts, alors qu'elle débarquait d'un seul coup. Elle essayait de se rassurer : de toutes façons, quelle vie aurait-elle eu avec lui ? Alors qu'elle s'imaginait déjà retourner à Port Royal et retrouver ses parents adoptifs, Jack se força à lui sourire. Il lui demanda son prénom. Son ton s'était radouci. Peut-être que la jeune fille était trop vite allée en besogne, finalement.

-Je m'appelle Alison ! Je ne sais pas qui a choisi mon nom... Est-ce que c'est vo... toi ? Ou maman ?

Elle avait encore failli le vouvoyer. Elle n'avait pas l'habitude. Et puis il fallait dire qu'il l'impressionnait un peu et que le tutoiement n'était pas naturel pour elle. Elle regarde son père et lui sourit. Cette pensée lui semblait toute bizarre. Son... père. Puis il lui dit ce qu'était devenu sa mère. Elle acquiesça silencieusement. Ce ne serait pas grâce à lui qu'elle apprendrait son sort. Tant pis, elle avait déjà Jack. Et elle en était heureuse.

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Alison… Ce prénom me plaisait assez. Je la regardais me parler. Elle semblait gênée. Elle se présenta à moi en se posant à elle-même une question : qui avait choisi son prénom ? Qu’est ce que j’en savais…

Je l’ignore.

Cette réponse suffisait à lui faire comprendre qu’il ne s’agissait pas de mon choix. Certes, j’aurais pu lui dire quelque chose de mieux du genre : « je ne sais pas, mais il est très joli ». Mais non, je n’y parvenais pas. C’est ainsi que nous nous observions tout deux pendant quelques secondes. Nous nous découvrions peu à peu… Puis, je repris la parole.

En tout cas, si tu veux rester un peu ici, il va falloir que tu change rapidement d’allure.

Je l’observai encore un instant puis lui adressai un de mes fameux sourires, l’air futé. Enfin un sourire franc.

Suis-moi. Et surtout, n’observe pas trop les gens sur ton passage. Il y a des personnes… Etranges ici.

Certes, je faisais surement parti de ces personnes, m’enfin, c’était une façon de parler. Il y avait beaucoup d’ivrognes et n’importe lequel d’entre eux pouvait devenir fou et s’attaquer à la jeune fille. J’aurais pu la prendre par la main, ou la laisser passer devant moi et rester prêt d’elle au cas où. Mais je n’étais pas encore prêt à tant d’affection. Je marchais donc ainsi dans les rues de Tortuga. Où est ce que j’allais ? Chez une vieille amie à moi… Après quelques mètres, nous arrivâmes devant une vieille bâtisse qui ressemblait plus à une maison hantée qu’à une habitation. Je frappai à la porte. Après quelques secondes, la porte s’ouvrit vivement, et derrière celle-ci se trouvait une dame d’un certain âge munie d’un fusil braqué sur moi. Le dos courbé, elle se servait d’une canne pour marcher. Elle avait la peau ridée et portait des lunettes. Cette femme avait vécu des tas de choses dans le monde de la piraterie. Je me mis à rire en levant les mains.

C’est moi mamie, c’est Jack.

Oui, je l’appelais mamie. C’était un petit jeu entre nous. Cette vieille dame m’avait hébergé dans ma jeunesse. C’était grâce à elle que j’avais cette fière allure. Mon bandeau, ma coiffure, mon look… Tout venait d’elle, excepté les babioles que j’accrochais moi-même dans mes cheveux. Je n’avais que peu de shillings à l’époque et elle m’avait tout fais grâce à de vieux morceaux de tissus ainsi que des vêtements de son défunt mari. Elle disait qu’elle le voyait vivre à travers moi. Quoi qu’il en soit, elle baissa son fusil et se mit à rire à son tour.

Mon Jacky !

Elle passa un bras autour de moi et déposa un baiser sur ma joue. Je passais assez souvent la voir, mais ces derniers temps, mes visites se faisaient rares à cause de mes « aventures » et des soucis que je pouvais m’attirer… Elle nous laissa entrer puis referma la porte derrière nous. Cet endroit sentait l’humidité et la poussière. Je l’avais toujours connu ainsi. Tout ce qui meublait la maison était assez vieux et usés. C’est alors que la grand-mère remarqua Alison. Elle sourit tout en l’observant avec insistance.

Qui est donc cette jeune personne ?

Je regardai successivement Alison puis mon amie.

C’est… Ma fille. C’est pour ça que je viens.

J’avais encore du mal à me dire que cette demoiselle était ma progéniture. La vieille femme sembla très surprise.

Depuis quand as-tu une fille Jacky ?

Depuis 17 ans apparemment. Je l’ai appris ce matin.

La grand-mère se tourna vers ma fille et lui adressa un sourire.

Comment t’appelles-tu ma chérie ? Veux-tu un bon thé bien chaud ?

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre à sa deuxième question et alla dans la pièce qui lui servait de cuisine afin de préparer du thé. Je m’assis dans le vieux canapé qui se trouvait ici et fis signe à Alison de me rejoindre. Mamie me parla de la cuisine en élevant la voix afin que je l’entende bien.

Alors Jacky, pourquoi viens-tu ? Moi qui croyais que tu venais juste pour me voir… Tu viens pour le look de ta fille j’imagine ? Elle est très bien, mais elle ne passe pas inaperçue.

La voix de la femme était accompagnée d’une touche d’ironie. Elle revint avec un plateau dans lequel se trouvait une vieille théière et trois tasses. Elle posa le plateau sur la table basse en bois qui se trouvait face à nous puis s’assit en face, sur un fauteuil très usé.

Tu as tout deviné.

Je lui adressai un sourire. La dame servit le thé puis observa la demoiselle.

Hmmm…

Je pris ma tasse et y trempa mes lèvres afin de boire quelques gorgée.

Ton thé est toujours aussi bon mamie !

Mais la femme semblait perdue dans ses réflexions. Elle se leva soudainement et alla fouiller dans une autre pièce. Puis elle revint.

J’ai tout ce qu’il faut. Buvez votre thé, vous pouvez aussi vous servir dans la boîte à biscuits. Je reviens dans quelques temps, le temps de faire une jolie tenue pour cette jeune fille.

Elle s’enferma dans la pièce. Je me retrouvai à nouveau seul avec ma fille, et j’angoissais un peu. Je tendis la bras et attrapai la boîte à biscuits qui se trouvait sur une étagère. Je l’ouvris et la déposa sur la table. Un silence commençait à se faire…